En 1820, les travailleurs de l’Écosse ont déclenché une grève générale. Avec les tisserands à leur tête, quelque 60 000 ouvriers ont en effet pris part à l’arrêt de presque toutes les activités de production au cours du mois d’avril. Ne concernant ni les salaires ni la reconnaissance syndicale, cette grève avait pour but de déclencher une réforme démocratique. Ayant cessé de travailler, ces ouvriers étaient même prêts à prendre les armes dans l’espoir d’obtenir justice. Sur une population comptant plus de deux millions de personnes, seulement 4 000 hommes avaient le droit de voter. Les ouvriers voulaient donc que les choses changent.

La répression exercée par les militaires, les meurtres de travailleurs et, enfin, les exécutions ont mis un terme à la grève et aux rêves de démocratie des grévistes.  98 hommes ont été accusés de trahison et des centaines d’autres ont été arrêtés et détenus pendant des mois sans que des accusations soient portées contre eux. Qui plus est, 24 ouvriers ont été condamnés à la peine de mort et 19 ont été envoyés à la colonie pénitentiaire de Botany Bay, en Australie. Par ailleurs, 52 grévistes parmi ceux qui avaient été arrêtés se sont évadés, bon nombre d’entre eux ayant réussi à se rendre aux États-Unis et au Canada. L’un de ces évadés était un homme du nom de William Lyon Mackenzie, qui allait poursuivre la lutte pour un gouvernement responsable et la démocratie au Canada, pays qui allait connaître sa propre rébellion en 1837.

Finalement, trois tisserands écossais – James Wilson, Andrew Hardie et John Baird – ont été condamnés à être pendus, puis décapités pour haute trahison. Leur crime? Avoir pris les armes contre un parlement corrompu et un gouvernement aristocratique fermé à toute réforme. Le 8 septembre, ils ont payé de leur vie ce désir de démocratie : ces trois sympathisants des syndicats de travailleurs ont été les dernières personnes à avoir été décapitées en Grande-Bretagne.

Il faudra attendre encore une vingtaine d’années supplémentaires avant que des changements se produisent, mais ceux qui ont poursuivi la lutte ont gardé à l’esprit le souvenir de ceux qui sont tombés au combat pour la démocratie.